Ce qu’il faut éviter « En thérapie » 5/7

Continuons notre analyse sur l’analyse.

Notre psy de service s’est fait remonter les bretelles par Esther à l’épisode 20, mais ne veut toujours rien apprendre. J’attends toujours la fin de l’acte 1, son objectif qui est peut-être de convoler avec Ariane, une de ses patientes. J’espère que non sinon, son objectif est bien léger. Il pourrait être de se sentir bien même s’il est seul, sans sa femme et sans ses enfants sur lesquels il s’appuie aujourd’hui ou qu’il soit en paix avec sa mort en arrêtant de fumer.

Épisode 21 : sans peur, pas de courage

Le psy à Ariane : bien, avant de commencer j’aimerais que nous nous mettions d’accord sur le fait que nous allons aborder les modalités de votre sortie de thérapie. Bien sûr, ce n’est pas pour aujourd’hui.

Ariane : ce n’est pas la peine.

Le psy : il est d’usage de convenir ensemble du terme pour organiser les dernières séances.

Ariane : c’est inutile. Je reviendrai pas.

Le psy : pardon ?

Ariane : c’est notre dernière séance.

Voyons la réaction de notre psy. Veut-il la retenir ?

Le psy, ses mains jointes en haut : ça m’attriste.

Ariane : vous n’avez pas l’air. Vous avez l’air plutôt soulagé. Mais allez-y, respirez à fond. Vous en faites pas, vous allez vous en sortir.

Le psy : m’en sortir ?

Ariane : je suis désolée. C’est juste que j’ai eu un weekend particulièrement éprouvant. J’imagine que dimanche vous êtes allé voter pour faire barrage à l’extrême droite.

Le psy : et vous ?

Non seulement, le petit garçon fait porter la responsabilité de son état à sa cliente. Mais il continue à se cacher en posant des questions qui n’ont rien à voir avec la thérapie. Il se fait toujours balader. Peut-être est-ce pour remplir les épisodes…

Épisode 22 : injonctions et répliques

Le psy à son fils : Adam, tu vas être en retard. Il va dans la cuisine. Tu es là ? Ta sœur est déjà partie ?

Adam : je ne sais pas.

Le psy, en consultant l’emploi du temps sur le réfrigérateur : qu’est-ce qu’elle fait ce matin ? SVT, sciences physiques. Comment tu fais pour repérer semaine A ou B ? Toi, par contre, ce qui est sûr, c’est que tu fais sport ce matin. Tu devrais pas être en jogging là ?

Adam : si. Je me change là-bas.

Le psy : et tu manges rien ?

Adam : j’ai pas trop faim.

Le psy : il faut manger quelque chose. Le petit déj…

Adam : est le repas le plus important de la journée. Maman n’est pas là. Ce n’est pas la peine de lui piquer ses répliques.

Le psy : bon, allez, prends des forces quand même pour le sport.

Adam : je déteste le sport. De toutes les matières, c’est celle que je déteste le plus. Ils me choisissent toujours en dernier pour les équipes.

Le psy : allez. T’inquiète pas, le collège ne dure pas toute la vie.

Adam : heureusement.

Le psy : bonne journée.

Décidément, il est vraiment catastrophique. Il fait appel à des « il faut » pour que son fils mange et aille à l’école et ne cherche pas ses besoins. Il lui balance un « t’inquiète pas » qui devrait inquiéter son fils, car l’inconscient ne connaît pas les négations.

Épisode 23 : la politique de l’autruche

Camille et sa mère se disputent à l’entrée du cabinet.

La mère : je suis là pour vous régler. Combien je vous dois, docteur ?

Camille : elle veut juste m’espionner.

Le psy : ça peut attendre, vraiment.

Camille : tu as entendu ? Allez, dégage.

Le psy : Camille, s’il vous plait. Entrez s’il vous plait. Il se retrouve entre les deux.

Camille : elle fait sa victime, elle ne me lâche plus. Mon père pour les fêtes.

La mère : non mais ma chérie, qu’est ce que tu crois. Tu crois vraiment que ton père…

Camille : … comme une merde.

La mère : je suis dingue, je suis déjà toute seule…

Camille : si tu ne pars pas maintenant, je me jette sous le prochain camion.

Le psy : Camille ! Il ferme la porte et se retrouve seul face à la mère. Laissez, c’est vraiment pas nécessaire maintenant.

La mère : je suis confuse, je vais vous laisser.

Le psy : ne vous inquiétez pas, tout va bien.

Voici un bel exemple de la non-action. Incapable de réconcilier la mère et la fille, il ne voit pas le jeu de la mère et sermonne Camille, qui est la vraie victime de sa mère. Il est tombé à pieds joints dans le rôle de sauveur en se trompant de cible.

Camille au téléphone : 30 s, c’est mon père. C’est pour les vacances.

Le psy : je croyais qu’on avait un pacte.

Camille : c’est bon, j’ai compris. J’ai coupé mon téléphone.

Le psy : je parle des menaces de suicide que vous avez faites à votre mère.

Camille : je lui ai dit ça pour la faire flipper, pour qu’elle me lâche.

Le psy : un pacte, c’est un pacte.

Camille : c’est avec vous que j’ai un pacte, pas avec elle.

Le psy : je peux toujours avoir confiance en vous ?

Le psy voit le doigt et non la lune. Il ne rappelle pas le pourquoi de son « pacte » et culpabilise Camille au lieu de l’aider à satisfaire ses besoins de légèreté et de d’autonomie. Il devrait traiter le sujet à chaud au lieu de lui faire la morale… C’est une vraie autruche qui ne résout rien à long terme.

Épisode 24 : des questions et des questions

Léonora : bonjour, je suis un petit peu en avance. ça ne vous dérange pas ?

Le psy : non, pas du tout.

Léonora veut rentrer directement dans le cabinet.

Le psy : non, attendez-moi dans la salle d’attente. Je viendrai vous chercher.

Notre psy prend le lead, sans vraiment expliquer pourquoi. Toujours aussi peu causant….

Le psy : alors ? Comment allez-vous ?

Léonora : bien.

Le psy : vous semblez un peu agité.

Léonora : Damien ne viendra pas. Il a un rendez-vous. Mais ne vous inquiétez pas, apparemment on est de nouveau ensemble. Il est au courant que je suis là, c’est ma qui m’a poussé à venir. Je suis ravie après ce qu’on s’est dit. Je vais vous dire, je me suis sentie… C’est idiot, je sais mais comme vous m’avez demandé d’attendre je me suis retrouvée toute seule à ruminer et je me suis demandé s’il y avait des patients que vous trouviez plus sympas…

Le psy : plus sympas ?

Léonora : plus sympas que nous. Plus faciles, plus intéressant, des patients que vous aimez plus.

Le psy : je ne suis pas là pour aimer les patients. Vous pensez que j’aimerais des patients plus que d’autres ?

Léonora : je sais qu’on n’est pas des cadeaux.

Le psy : comment est-ce que vous pourriez caractériser la patiente que vous êtes ?

Rien de nouveau.. Des jugements, des questions, des questions et des questions qui ne vont pas faire avancer le schmilblick… Elle parle de ses parents, de son père « génial » mort. Et au lieu de lui demander si elle est en paix avec sa mort, elle l’embarque dans une histoire justifiant sûrement le complexe d’Oedipe cher aux psychanalystes.

Épisode 25 : la démonstration de la simplicité

Le psy vient chez Esther avec sa femme, Charlotte.

Esther : Charlotte, quel plaisir de te revoir.

Charlotte : merci de nous recevoir, Esther. C’est ici que tu reçois tes patients ?

Esther : recevais. Je ne reçois plus de patients, sauf cas exceptionnel.

Charlotte : en tous cas… Tu fais quoi maintenant ?

Esther : tu sais, je mets de l’ordre dans mes pensées.

Charlotte : tu écris un livre ?

Esther : j’essaye de prendre des notes….

Le psy : on peut commencer non ?

Le psy casse l’ambiance…

Esther : d’abord, il me semble important de fixer le cadre de cet entretien. Pour moi, la situation est très atypique. Nous avons souvent répété avec Gaëtan nos réserves quant à la thérapie de couple.

Le psy : c’est Charlotte qui l’a suggéré.

Charlotte : je n’ai pas spécifiquement

Le psy : disons que c’est comme çà que moi je l’ai entendu. Je me suis permis de te solliciter et je comprends parfaitement ta position.

Esther : j’assume la contradiction. Je l’assume parce que c’est vous et parce que c’est moi. Il y a la théorie et la réalité des liens. Nous nous connaissons depuis longtemps, je vais faire mon possible pour vous accompagner dans ce moment difficile.

Charlotte : merci Esther, cela me touche.

Toujours le petit garçon face à sa maman. Au moins, Esther est sincère et lui montre la voie.

En conclusion : règles et bienveillance

Ses règles, celle de planifier la fin de la thérapie et de ne pas menacer de se suicider, explosent. Et notre psy continue à poser des questions, sans aucune stratégie, telle l’autruche. On ignore toujours son objectif… Est-il de se réconcilier avec sa femme ? De rétablir une communication défaillante ? Heureusement qu’Esther lui montre la voie, que l’on peut être simple, humain et parler de soi, même avec ses clients, même si elle pose elle aussi des questions.

Poser des « règles », des « chartes », des « cadres » est uniquement un signe d’appartenance s’ils ne sont pas acceptés par les parties prenantes. S’ils ne sont pas respectés, c’est le signe qu’ils ne fonctionnent pas, qu’il vaut mieux en changer et faire preuve de souplesse pour montrer sa bienveillance. De plus, ces règles seront plus respectées si elles sont positives.

Pour aller plus loin

Sur la thérapie

Sur la communication :

Sur la scénographie

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