Nous arrivons au terme de ce long voyage où un psychiatre, questionneur incapable de parler de ses besoins, et qui ne sait pas résoudre ses problèmes de famille, cherche on ne sait quoi encore.
Peut-être aurons nous une réponse et un épilogue dans ces derniers épisodes ? Aurons-nous le plaisir de revoir Esther, absente lors des 5 épisodes précédents ?
Épisode 31 : la fille courageuse
Le psy à sa fille Liza : tu n’es pas en classe ?
Liza : ma prof d’anglais n’était pas là et ce n’est pas ma semaine SVT. Du coup, j’ai… Tu n’as pas l’impression qu’on a comme un problème là ?
Le psy : problème de quoi ?
Liza : l’explosion en plein vol de notre famille, tu t’en fous complètement ?
Le psy : notre famille n’est pas en train d’exploser Liza. On traverse des turbulences mais on n’explose pas en plein vol.
Liza : oui, cela y ressemble pourtant. Il faut que tu règles ça maintenant parce qu’après, il sera trop tard. C’est à toi de gérer ça. C’est toi qui l’a choisie, alors maintenant, débrouille-toi, fais quelque chose.
Le psy : j’ai choisi quoi ?
Liza : elle, maman. Tu as choisi maman.
Le psy : mais qu’est-ce que tu racontes ?
Le psy, toujours aussi questionneur, a trouvé une autre personne sur qui s’appuyer, sur sa fille, un modèle de sincérité.
Épisode 32 : la femme courageuse
Le psy cherche quelque chose… Sa femme arrive : tu sors ?
Le psy : toi aussi ? Tu pars à Strasbourg ? A mardi.
Charlotte : Philippe, il faut qu’on parle aux enfants. Ils savent et comme on dit rien, cela les met dans une position impossible. A n’a pas appelé à Noël. Liza me fait la gueule en permanence….
Philippe : tes parents ont dit quelque chose ?
Charlotte : ils ont rien dit et n’ont pas intérêt… Je te parle du malaise de tes enfants… C’est nous qui devons régler ça…. Il faut qu’on parle honnêtement aux enfants des difficultés qu’on traverse.
Le psy : tu as raison. On va le faire.
Charlotte : quand je rentre, on prend un temps tous les deux, on réfléchit et on fait front. A demain.
Sa femme communique mieux que lui. Elle ne se laisse pas balader par la question sur ses parents. Sa demande aurait pu être plus précise. Cette séquence aurait été plus plausible au début de la série, pas à la fin.
Le psy à Esther : merci de me recevoir.
Esther : c’est terrible ce qui s’est passé.
Le psy : le ciel est bas et lourd aujourd’hui. On ne trouve pas beaucoup de lumière ici.
Esther : je t’en prie, assieds toi. Charlotte m’a téléphoné pour me dire qu’elle ne souhaite pas poursuivre. J’en suis désolée mais je respecte sa décision.
Le psy : elle a l’impression qu’on se perd dans un labyrinthe. Elle a envie de prendre ses décisions seule.
Esther : c’est ce que j’ai compris. Il me semble qu’elle a la tête sur les épaules.
Le psy : j’aimerais être un romancier, un dramaturge.
Esther : comment ça ?
Le psy : le petit théâtre de marionnettes où l’artiste dessine la courbe des personnages…. Qui décide qui couche avec qui, qui vit, qui meurt…
Esther : nous ne sommes pas des démiurges.
Le psy : même être un mauvais romancier…
Esther : je suis sincèrement désolé de ce qui est arrivé à ton patient.
Le psy : ceux qui l’ont aidé… Et son père est totalement bouleversé.
Esther : il n’a pas eu la fin qu’il méritait.
Le psy : oui, tout le monde est désolé.
Dommage, Esther s’est fait embarquer par la bécasse du patient. La suite montre qu’elle met brièvement à jour les pensées du psy envers elle « tu penses que je ne suis pas sincère ? » et s’en suivent des débats peu intéressants où Calimero fait son retour et s’allonge au sol, montrant son envie suicidaire et persécutant ainsi Esther. Comme le dit Bert Hellinger, « le pire des persécuteurs est la victime« . Bref, un épisode qui aurait pu être intéressant mais qui se perd tout seul. C’est normal car on ne sait toujours pas quel est son objectif.
Épisode 33 : un zeste d’humour bienvenu
Sylvain, le père de Camille, à Camille : Camille.
Camille : qu’est-ce que tu fais là ?
Le père, ironique : en tout cas, ça a l’air de faire plaisir, dis donc… Ah, il t’ont enlevé les plâtres, tu es resplendissante.
Camille : qu’est ce que tu fais ici ?
Le père : je te rappelle qu’on est connecté tous les deux, non ?
Camille : sois sérieux papa.
Bizarre cet échange où le père est dénigré par ses dialogues et le reste de la scène est du même acabit du genre « ça me tue que tu ne me répondes plus« . Pour nous montrer que Camille est la plus adulte de toute sa famille ? Le père suit sa fille dans le cabinet du psy.
Sylvain : bonjour ! Sylvain, le papa de Camille. On a décidé de faire la séance ensemble.
Le psy : je voudrais discuter avec votre fille au sujet d’une éventuelle séance ensemble.
Sylvain : cela n’a pas d’importance. Elle est d’accord Camille (elle acquiesce). On la fait où cette séance ? Sur le palier ?
Le psy : écoutez, je vous propose qu’on réfléchisse à un jour de la semaine..
Sylvain : je ne suis pas une ado de 16 ans à qui on peut raconter des conneries.
Camille : papa, arrête. On se fait une séance tous les 3 un autre jour. Sylvain s’en va et Camille la suit. Il veut me protéger…..
Sylvain : c’est pas des valeurs auxquelles je t’ai éduqué..
Camille : tu as des valeurs toi ? Elle retourne chez le psy : il est hyper sensible, il s’est senti humilié.
Le psy : je ne peux pas…. Il existe des règles.
Camille : ma mère, quand elle est venue pleurer…
Le psy : pourquoi fixons-nous les règles ?
Camille : parce que vous êtes complètement psychorigide..
Enfin un peu d’humour avec les réparties de Camille sur les valeurs de son père et la psychorigidité du psy. Il était temps. Il accepte de voir les deux, une catastrophe…
Épisode 34 : l’aveugle
Damien entre : je suis désolé, j’aurais dû vous prévenir. Léonora ne viendra pas. On va essayer d’arrêter la thérapie. On va divorcer.
Le psy : je suis vraiment navré.
Damien : je suis venu vous régler la dernière séance. C’est ça, on paye le prix d’une séance, qu’elle soit honorée ou pas, c’est ça ?
Le psy : entrez, entrez.
Ridicule, comme si un divorce était une catastrophe et que le psy en soit navré. L’important est de garder la communication entre les deux parties, surtout s’il y a des enfants…
Damien paye le psy. Le psy : merci. Comment allez-vous ?
Damien : je ne sais pas. C’est bizarre, pour l’instant, tout va bien. Et j’ai oublié ce que c’est d’être seul sans Léonora. Peut-être qu’il nous faut une merde de temps en temps. C’est quasiment.. Vous vous en souvenez…. Elle a essayé de m’embrasser, je n’ai pas pu. C’était…
Le psy : c’était ?
Damien : pathétique.
Le psy : pathétique ?
Damien : qu’est-ce que vous essayez de faire ? Vous cherchez à me faire parler ? Non ? Vous ne pouvez pas vous en empêcher vous. Je n’avais pas l’intention de rester, mais..
Le psy : ce qui vous arrive me touche, je suis désolé de vous donner l’impression de vous faire parler.
Damien : une déformation professionnelle ?
Le psy : disons le comme ça.
Notre psy est incapable de voir que la séparation était un bien pour Damien et non « une merde ». Il ne sait que poser des questions et dire qu’il est désolé sans expliquer pourquoi. Les scénaristes n’ont pas potassé leur affaire. A moins que ce ne soit du second degré, de montrer à quel point il est inutile d’aller voir un psychiatranalyste….
Épisode 35 : la queue de poisson
Le psy à sa femme : ah, tu es là!
Charlotte : oui. Tu t’en vas ? A tout à l’heure.
Le psy : à tout à l’heure. Je vais voir Ariane, tu sais mon ancienne patiente du lundi.
Et il s’en va… Toujours la fuite. Il se rend chez Ariane.
Ariane : j’ai la grippe je crois, à moins que ce ne soit notre dernière entrevue…. Le fait d’être célibataire, je n’ai plus de cadre. Vous venez souvent chez vos patientes ?
Le psy : vous n’êtes plus une patiente.
Ariane : alors on peut se tutoyer ?
Bref, du badinage… avant de passer à une scène censée être le clou du spectacle où c’est elle qui pose des questions. A la dernière scène, qui aurait très bien pu être la première, chez Esther, il a un peu de lucidité sur sa compétence, mais Esther ne l’aide pas vraiment en lui parlant de l’éthique de sa pratique et de l’échec, en philosophant plutôt qu’en restant dans la communication.
En conclusion : une caricature de scénario
Cette série est d’une pauvreté tant sur le fond, car notre psy questionne du début à la fin sans voir que cela ne mène nulle part, que sur la forme, qui devrait nous donner un objectif et un épilogue vraisemblable.
Sept personnes ont contribué au scénario, peut être est-ce à l’origine d’un tel résultat. Cinq ne sont pas contentes et ne veulent pas assurer la suite.
Au 32ème épisode, la scène avec Esther embrouille l’objectif du psy qui va mal. Au 35eme, il comprend qu’il n’a en rien progressé, sinon qu’il a quitté sa femme. C’est pourtant l’objectif d’un scénario, nous montrer le changement du protagoniste. Peut-être est-ce pour nous vendre une suite…
Je n’ai pas réussi à connaître l’histoire personnelle des réalisateurs. Peut-être sont-ils mariés et ils n’osent pas divorcer, étant de confession juive tous les deux.
Pour aller plus loin
Sur la thérapie
- Les ordres de l’aide de Bert Hellinger en allemand.
- Des jeux et des hommes d’Eric Berne, l’inventeur de l’analyse transactionnelle.
- The feeling good handbook de David Burns, un spécialiste des TCC.
- Ma voix t’accompagnera de Milton Erickson et Sidney Rosen. La vie extraordinaire de Milton Erickson.
- Un séminaire avec Milton Erickson de Jeffrey Zeig. Un séminaire d’Erickson avec décodage à la fin.
- Comment animer des constellations familiales de Michel Diviné où je décode la relation thérapeute / client.
- S’épanouir en 6 étapes de Michel Diviné. A quelle étape utiliser quelle technique ?
Sur la communication :
- Parents efficaces au quotidien de Thomas Gordon.
- La CNV au quotidien de Marshall Rosenberg.
- La communication bienveillante de Michel Diviné.
- La pratique de l’entretien motivationnel de Stephen Rollnick et William Miller.
- Les secrets de la communication de Bandler et Grinder, les inventeurs de la PNL.
Sur la scénographie
- La dramaturgie d’Yves Lavandier, qui a écrit le scénario de « oui mais ».
- Morphologie du conte de Vladimir Propp.
Si vous avez des remarques, laissez-moi un commentaire