Avez-vous conscience de votre scénario de vie ?

Nous pouvons avoir tendance à reproduire un même comportement, à rejouer les mêmes jeux, perdants ou gagnants, liés à un scénario de vie dont nous avons plus ou moins conscience.

JouerCet article fait le point sur les différents types de scénario, vous empêchant de vivre et de grandir, d’être un adulte conscient de sa vie et de sa mort. Un second vous montrera comment en sortir ou aider autrui à en sortir.

Accepter de vivre et de grandir

Beaucoup de scénarios sont morbides et finissent mal, mettant l’amour au-dessus de la vie, tels Roméo et Juliette. D’autres le sont moins et reflètent plus la dynamique d’un enfant qui veut rester petit et innocent, pour ne pas grandir et se sentir responsable de sa vie, confondant alors ses interlocuteurs avec ses parents.

Les scénarios morbides

Beaucoup d’histoires nous content la vie d’un « héros » qui meurt jeune ou tragiquement : Jésus meurt sur la croix en voulant sauver le monde, le Petit Prince préfère mourir, mordu par un serpent, Leonardo di Caprio meurt noyé dans Titanic, préférant sauver sa belle, Orphée meurt assassiné par les Erynies, Roméo et Juliette meurent ensemble, Tristan meurt en pensant à Yseult.

La plupart du temps, ce scénario vient d’une fidélité à une personne de son système familial. La personne se sacrifie pour autrui, mettant l’amour au-dessus de sa propre vie. Elle suit 3 dynamiques, révélées par Bert Hellinger :

  • « Je te suis ». La personne rejoint une personne qu’elle a ou non connue, un frère ou une soeur morte, un enfant, un conjoint, un membre de sa famille, les victimes de son père qui a envoyé le déluge, Orphée va aux Enfers rejoindre Eurydice qui s’est fait mordre par un serpent tout comme le Petit Prince qui « ne voit bien qu’avec le coeur », mais qui sacrifie sa vie inutilement…
  • « Moi, à ta place ». La personne veut sauver une personne vivante… ou morte. Elle pense ainsi, par son sacrifice, sauver une personne. C’est le thème du film « Breaking the waves« , une femme se sacrifiant pour que son mari sorte du coma ou de Titanic, le héros sauvant une belle suicidaire.
  • « J’expie ». Hercule, après avoir tué femme et enfant, est condamné à 12 travaux et finit brûlé et immortel, tout fils de Zeus qu’il est. Sur terre, l’homme qui a tué ou la femme qui a avorté expie son geste en souffrant inutilement, pensant rétablir un équilibre impossible avec sa victime.

D’autres comportements morbides sont possibles, allant des pensées suicidaires aux dépendances physiques ou psychologiques. La résolution de toutes ces dynamiques est opérée lors de constellations familiales ou d’EMDR si la personne a connu celle qu’elle veut sauver.

Les scénarios enfantins

Les jeux, au sens de l’analyse transactionnelle, sont des mini-scénarios de transactions reflétant une approche et une philosophie de vie. Ils sont très bien décrits à l’aide du triangle dramatique de Karpmann « Victime, persécuteur et sauveur ».

V, P, S Le triangle dramatique

Un jeu, selon Berne, se joue en plusieurs étapes et à plusieurs, chacun jouant un des rôles de victime (V), persécuteur (P) ou sauveur (S). Pour lui, l’objectif principal est d’éviter l’intimité. Voici quelques jeux classiques en Analyse Transactionnelle affublés de noms donnés par Eric Berne.

Des jeux de Victime

Le plus connu des jeux de Victime Oui, mais, qui, en réalité, s’appelle Pourquoi est-ce que vous ne ? Oui, mais, se joue avec un sauveur patenté. Voici un exemple d’Eric Berne :

  • Victime : mon mari tient à faire les réparations et ce n’est jamais bien.
  • Sauveur : pourquoi ne prend-il pas des leçons de bricolage ?
  • Victime : oui, mais, il n’a pas le temps.

Et ainsi de suite, jusqu’à épuisement du sauveur s’il comprend qu’il s’est fait piéger…

Des jeux de Persécuteur

Voici plusieurs jeux de persécuteurs plus ou moins masqués décrits aussi par Eric Berne :

  • Dans le jeu Schlemiel, qui signifie rusé en yiddish, le persécuteur fait des dégâts chez sa victime potentielle (Schlemalz) et réussit à se faire pardonner sa maladresse. Cela lui permet de se sentir innocent à bon compte et prend place dans les jeux de sociétés.
  • Dans Battez-vous, le persécuteur envoie une bécasse, incitant autrui à parler d’un tiers et non d’elle. Il dit à sa victime ce qu’un tiers lui a dit, espérant ainsi déclencher une dispute. Eric Berne le classe dans les jeux sexuels, une femme montant ainsi deux hommes l’un contre l’autre pour la conquérir.

Un jeu très courant de persécuteur déguisé est celui qui avance en pseudo-sauveur tout en faisant appel à sa bonne conscience. Il se joue souvent sur les réseaux sociaux de développement personnel. Voici un exemple récent :

  • Une première personne se plaint de l’action d’un thérapeute en disant « il se met en colère et a un comportement odieux ». Elle joue donc le rôle d’une victime et fait appel à un sauveur connecté en demandant « Que pensez-vous de ce thérapeute qui ne nous donne aucune réponse ? » Ici, la bécasse est le thérapeute sur lequel risquent de se précipiter des internautes peu avertis.
  • Une deuxième personne connectée, qui refuse de rentrer dans son jeu, lui redonne sa responsabilité en lui demandant pourquoi elle continue et si les consultations sont gratuites.
  • Une troisième vient sauver la première en accusant la deuxième de ne « pas être sympa de demander si c’est gratuit à une personne qui a un souci ». Elle persécute la deuxième personne en se déclarant sauveuse de la première. Ainsi, elle reprend la colère de la première contre son thérapeute avec bonne conscience.

Nous constatons que ce jeu est sans fin, l’objectif étant de collectionner des « timbres », positifs ou négatifs, afin de se sentir exister. Malheureusement, cela ne résous jamais le problème.

Des jeux de sauveur

Il existe peu de jeux de sauveur. Eric Berne les classe dans les jeux du cabinet de consultation.  Ce jeu a naturellement besoin d’un partenaire patient victime / persécuteur qui montre ainsi que personne ne peut les sauver.

  • Dans J’essaie uniquement de t’aider, le bénéfice secondaire de l’assistant social est de se sentir « martyr » et innocent si la thérapie ne fonctionne pas.
  • Dans La serre, l’objectif est de parler de ses sentiments comme de plantes rares qu’il s’agit de contempler sans en chercher l’origine et comment prendre du recul pour raisonner. Je l’ai souvent vécu dans des groupes psys, surtout en séances de Rebirth et de Vittoz.

 Que pensez-vous de ce jeu ? Quand une personne pleure à vos côtés, courrez-vous à son secours pour faire preuve de compassion ?

Où en êtes-vous ?

Quel est votre scénario ? Est-il morbide ou dramatique ? Avez-vous tendance à vous sentir impuissant et innocent, à accuser autrui ou à sauver le monde ? J’aborderai dans un prochain article des pistes d’action pour sortir de ce triangle vicieux.

Pour aller plus loin

Sur l’analyse transactionnelle :

Sur les dynamiques des constellations familiales :

Si vous avez des remarques, laissez-moi un commentaire.